Madeleine Chiche et Bernard Misrachi
artistes du groupedunes, intervenant dans l’espace public. Ils composent avec le mouvement des corps, des objets, des mots, des technologies.
Ils se questionnenent sur l’écriture du paysage urbain, mais aussi l’expérience physique, sensible de l’espace, ses influences sur nos rapports au monde, au vivre ensemble et à l’intime.
C’est avant tout le déplacement du regard, de la pensée et des usages, qui motivent leurs gestes artistiques. Ils ont pratiqué La Friche La Belle de Mai où ils ont été résidents et membre fondateurs de la SCIC FDM, comme un lieu expérimental par “essence”.
Nous aimons cette idée d'”écriture de l’espace public”, car il n’y a pas de hasard laissé à la manière dont l’espace public se dessine.
Lorsque nous rencontrons des architectes, des paysagistes etc. nous avons l’impression qu’il n’y a pas de “scène expérimentale de l’espace public”, comme on peut dire qu’il y a une scène expérimentale de la musique contemporaine ou autre. Est-ce qu’il pourrait y avoir quelque part une scène expérimentale de l’espace public et qu’est ce que ça pourrait vouloir dire?…Ça pourrait vouloir dire faire des expériences sur l’écriture de l’espace public et partager ces expériences avec le public…
Le site de la Friche, dont le fondateur Philippe Foulquié a fait en sorte d’en faire un espace de libertés pour les artistes et les différents acteurs culturels, il lui a aussi donné une dimension urbaine en en confiant la présidence à Jean Nouvel pendant 4 ans, et en y associant plus tard Patrick Bouchain. Il y existe donc déjà cette intuition du lien entre les artistes et la ville. Ceci donne une double mission à ses espaces: celle d’inventer des formes artistiques, mais aussi, d’explorer des questions d’urbanité tout comme la notion de “culture nouvelle de l’urbanité”.
Ces notions “espace public expérimental” et “culture nouvelle de l’urbanité” contiennent des intuitions et peut-être est-ce à nous de leur donner du corps?!
Stéphane Hanrot
est architecte et directeur du laboratoire PROJECT[s], enseignant – chercheur au département de recherche doctorale de l’Ecole nationale Supérieure d’Architecture de Marseille (ENSA-M).
L’architecte est vu, au mieux, comme un constructeur d”édifices, au pire comme un bétonneur, un ennemi de la nature. En réalité, l’architecte qui travaille sur la forme et les espaces du cadre de vie des sociétés humaines, est aujourd’hui concepteur – avec les paysagistes et les urbanistes et les ingénieurs – de projets qui vont d’un aménagement de petite échelle jusqu’a celle d’un territoire.
En toute liberté, nous croisons les regards de citoyens, de scientifiques, d’artistes et de concepteurs sur des pratiques de terrain, des expériences concrètes – y compris très locales – qui échappent aux processus républicains qui ont fabriqué la ville du XXe siècle.
Les concepteurs qui transforment la ville, agissent sur le réel pour fabriquer un espace dans lequel nous pouvons vivre. Les artistes se donnent de l’interpréter, de réagir et de se positionner en questionnement par leurs actes.
C’est la raison pour laquelle de mon point de vue, nous avons engagé cette discussion.
Nous sommes dans une position “d’impertinence”, de pensée libre, d’une manière d’aborder ce rapport ville-nature qui ne préjuge pas d’issues particulières, sinon de poser des questions qui nous semblent fondamentales.
Isabelle Rault